Dans Léonard de Vinci (1452-1519) et dans Hector de Saint-Denys Garneau (1912-1943), est-ce le même « de » ? Une fois de plus, la réponse est négative. Dans le premier cas, c’est, tout simplement, un « de » de provenance : le gars vient, comme sa famille, d’un village appelé Vinci. Les spécialistes de son oeuvre le nomment Léonard, mot qui, pour nous, ne semble être que son prénom. Dans le second cas, qui est plus étonnant, le gars a deux prénoms (encore faut-il le savoir) : « Hector » d’une part, « de Saint-Denys » d’autre part ! Les spécialistes de son oeuvre, découpant le tout avant et après le « de », font comme si Hector était son prénom et Saint-Denys Garneau, son nom. Étrange nom qui a l’air, sans en être un, d’un nom composé (malgré l’absence de trait d’union entre « Saint-Denys » et « Garneau ») ou d’un pseudonyme.
Ce n’est donc pas un « de » de noblesse. Ce qui m’amène au « nous » de majesté, d’abord utilisé par le roi (d’où son nom), un nous qui n’est pas un nous pluriel (qui conjoint je et tu, je et il ou elle, je et les hommes ou les femmes, etc.), mais qui est un je qu’on utilisait (et qu’on utilise encore) dans des travaux savants ou officiels, dans des phrases comme « Nous verrons, dans notre premier chapitre, que », afin de masquer le je, marque d’une réflexion, d’une pensée inutilement exhibée comme « personnelle » !
Que penser, alors, de la pensée de tel homme politique dont on entendrait dire, selon la formule « X de Y » (où X est un nom propre et Y, cette fois-ci, un nom commun), qu’il est un «Hitler de taverne»?