Démocratie : forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple.
Le déroulement des élections locales municipales, qui donnent à une poignée de citoyens le pouvoir de représenter le peuple pour 4 ans, offre une belle occasion de se préoccuper de la démoratie. Je vais y revenir, mais je voudrais dire un mot sur un autre fait d’actualité : la mort de Pierre Falardeau. En écrivant, à l’instant, je me demande comment cette nouvelle a été traitée dans les établissements d’enseignement? Comment la disparition de Falardeau a été commentée aux enfants de tous âges : secondaire, cégep, université? Car enfin, c’est une « page » d’histoire qui disparaît du Québec et je me demande ce que chacun inscrit dans la « marge »!
Le quotidien Le Devoir rend hommage à cet homme de colère. Le journaliste Bernard Émond nous dit que « pour comprendre la colère de Falardeau, il faut se rappeler avec lui de cette phrase de Bernanos1: la liberté n’est pas un droit, mais une charge, un devoir. » Il nous apprend que Pierre Falardeau aimait citer Pasolini2 : « Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont gentiment nommé “la société de consommation” définition qui paraît inoffensive et purement indicative. Il n’en est rien. La télévision est au moins aussi répugnante que les camps d’extermination. »
Sans doute voulait-il dire « extermination culturelle! »
Les élections qui s’en viennent m’amènent à me questionner sur leur caractère démocratique. Aujourd’hui, les citoyens se déplacent beaucoup plus difficilement vers les urnes que vers leur télévision. Et voilà que la loi électorale les encourage à rester chez eux; ainsi, lorsqu’il n’y a qu’un seul candidat, il est élu automatiquement sans avoir à présenter son projet politique pour sa ville ou son quartier, son image suffit. Il va représenter une population qui devra lui faire confiance pendant quatre ans! Dans une ville comme Rimouski, par exemple, d’éventuels candidats vont lutter pour, au mieux, défendre un projet pour leur quartier (ce qui est rare d’ailleurs, ils proposent plutôt de soutenir des actions conjoncturelles et souvent isolées : des travaux ou des aménagements ou encore des loisirs pour certaines catégories de population…). Cela ne constitue pas une équipe qui défendrait un projet politique cohérent pour la ville. Un maire d’un côté, des conseillers de l’autre, comment le pouvoir va-t-il s’exercer collectivement? Comment va-t-il être contrôlé?
Nous avons là une démocratie représentative qui laisse les citoyens à la marge du pouvoir. Il ne faut donc pas s’étonner s’ils restent devant leur télévision, expliquant que « la politique, vous savez, cela ne sert plus à rien! » C’est ainsi que la population se retrouve « à la marge » d’un pouvoir qui peut alors très librement s’exercer selon des critères qui lui sont propres (aujourd’hui, les arguments économiques font la loi, pour les profits d’on ne sait pas trop qui!).
Notes :
1. Bernanos est un écrivain français dont j’ai aimé ces quelques mots : « Je ne suis pas un prophète, mais il arrive que je voie ce que les autres voient comme moi, mais ne veulent pas voir. »
2. Pasolini est un poète, écrivain et cinéaste italien qui a lutté contre le fascisme.