Politique

Et si une autre forme d’organisation était possible?

Par Julie Proulx le 2009/07
Politique

Et si une autre forme d’organisation était possible?

Par Julie Proulx le 2009/07

Au fil des années et des décisions politiques, les organismes communautaires se sont retrouvés à devoir pallier au désengagement de l’État face aux problématiques sociales vécues par la population en offrant des services de première ligne. En apportant une réponse immédiate aux besoins criants de citoyens laissés pour compte, communément appelé le « patchage de trou », cette nouvelle vocation du communautaire l’a embourbé dans une dynamique de pourvoyeur (rôle actif des personnes salariées) – receveur (rôle passif des personnes vivant de l’oppression) avec la population, devenue aujourd’hui une potentielle clientèle.

Le défi actuel des organismes communautaires se situe au niveau de leur capacité à susciter la mobilisation citoyenne pour créer un mouvement social solidaire, à revenir aux origines de leur création, c’est-à-dire, à des « organismes fondés sur l’exercice d’une citoyenneté active.1 » Parce que c’est bien beau répondre aux besoins de la population en offrant des services, mais ces besoins restent le reflet d’une société qui priorise le capital au bien-être de ses citoyens… et il demeure primordial de se mobiliser pour refuser cette déshumanisation de notre société.

De nouvelles formes d’actions populaires ont vu le jour en dehors des structures institutionnalisées, tels les groupes d’affinité. Le terme groupe d’affinité est apparu à la fin du XIXe siècle avec le mouvement anarchiste espagnol. Cette forme d’organisation s’est ensuite développée et répandue en Occident grâce, entre autres, au mouvement altermondialiste. Un groupe d’affinité est un mode d’organisation autonome qui se base sur un lien d’amitié entretenu entre chaque membre partageant des valeurs communes nommées et établies lors de la création du groupe, favorisant ainsi la responsabilisation de chacun à les respecter et les appliquer. Généralement, le groupe d’affinité est établi selon des principes de rapports humains égalitaires, libertaires, non-hiérarchisés et non-autoritaires2. Les décisions y sont prises collectivement et par consensus. L’action politique se trouve à être l’élément créateur d’un groupe d’affinité et sa raison d’être, bien que tout le fonctionnement interne (respect des autres, libération des tensions groupales, etc.) soit autant, sinon davantage, priorisé par les membres du groupe que l’action politique en soi.

La compréhension du groupe d’affinité vient nous rappeler que nos modes d’organisation sont à la base de chaque processus de transformation sociale de par la qualité des rapports humains et sociaux que nous y entretenons. Ce n’est donc pas la fin qui justifie les moyens, mais bien les moyens qui justifient la fin.

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Notes:

1. Lamoureux, Lavoie, Mayer et Raymond, La pratique de l’Action communautaire, Montréal, Éditions des Presses de l’Université du Québec, 2008, p. 11.

2. Francis Dupuis-Déri, « Manifestations altermondialisation et “groupes d’affinité” », dans Anarchisme et psychologie des foules rationnelles, Colloque Les mobilisations altermondialistes, 2003.

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