Après 13 ans d’existence, contre vents et marées, Le Mouton NOIR se trouve aujourd’hui dans une situation financière si difficile, à cause de l’inexistence d’une marge de manœuvre, que même assurer le salaire des employées dans les semaines à venir est devenu problématique. Ce qui a changé aujourd’hui, c’est que nous ne voulons plus que les employées acceptent de ne pas être payées en attendant que les choses s’améliorent. Car il y a une limite à compter sur l’abnégation de l’équipe et le bénévolat qui, depuis 13 ans, ont permis la subsistance du Mouton NOIR.
Il faut comprendre que Le Mouton NOIR, comme journal communautaire indépendant, n’a que peu accès à des programmes de subvention; il doit compter principalement sur des revenus autonomes. Ce qui a maintenu jusqu’à maintenant l’optimisme dans l’adversité, ce sont les avenues possibles de développement futur. De telles avenues existent certes, mais force est de constater que sans une base solide au présent, sans la possibilité de maintenir l’équipe actuelle, nous n’aurons pas le loisir de les explorer. Le journal sans présent n’a plus d’avenir.
Produire un journal de qualité, distribué à 10 000 exemplaires, avec un budget de moins de 100 000 dollars (en assumant le salaire de trois employées et d’une employée étudiante d’été, les coûts de graphisme, d’impression et de distribution pour huit éditions du Mouton NOIR, quatre cahiers Champ libre, les frais d’un bureau et d’un site Internet) tient du miracle, mais ce miracle repose sur des conditions de travail déplorables pour les employées. Or ne pas offrir des conditions de travail équitables à nos employées est en contradiction avec les principes de justice sociale que défend justement Le Mouton NOIR. De plus, être constamment en mode survie ne permet pas le développement. Il faut donc rompre ce cercle vicieux en rémunérant décemment nos employées, en donnant un second souffle au journal pour lui permettre d’évoluer, notamment par la mise à niveau de notre site Internet, un outil devenu indispensable de nos jours.
Pour construire cette base de fonctionnement, nous avons besoin d’un soutien populaire, la meilleure garantie de la liberté d’expression : principalement par la voie d’abonnements individuels. À cet égard, nous serons présents au Salon du livre de Rimouski du 6 au 9 novembre dans l’attente de recevoir votre appui. Il nous faudra également compter sur un soutien des forces vives de la région, c’est-à-dire de toute personne, de tout organisme ou institution qui croit au développement régional et à l’importance d’une presse indépendante. Vos dons et appuis peuvent vraiment faire la différence.
De par son engagement envers la parole citoyenne et, par-dessus tout, parce qu’il donne une voix à une région dans un paysage médiatique à forte convergence et en grande partie « montréalisé », le journal Le Mouton NOIR occupe une place singulière au sein de la presse indépendante. Il jouit d’une reconnaissance publique enviable, et sa grande qualité a été saluée par les nombreux prix de l’Association des médias écrits communautaires du Québec (AMECQ) qu’il a remportés, notamment ceux du « média communautaire de l’année » en 2008, en 2006 et en 2004. Ces prix lui ont assuré un rayonnement notable à l’extérieur de la région et témoignent, à l’échelle du Québec, de la vitalité culturelle et sociale du Bas-Saint-Laurent.
Voulons-nous un journal capable de suivre des dossiers importants pour la région (et pour le reste du Québec, d’ailleurs) comme celui de l’éolien? Voulons-nous un journal qui traite du cinéma qui se fait ici et de ses artisans? Voulons-nous finalement un journal qui fasse ce qu’aucun autre organe de la presse écrite ne fait pour la région, qui offre une parole « autre », un journal qui n’est pas un simple support à la publicité? Ce sont les questions que nous soumettons au verdict populaire.
Si nous ne réussissons pas à créer cette base solide, nous ne pourrons pas garder en poste très longtemps notre équipe d’employées dynamique et d’une grande compétence, nous devrons alors nous résoudre d’ici la fin de l’année, la mort dans l’âme, à mettre fin à cette grande aventure qu’est Le Mouton NOIR : le journal disparaîtra dans le confort et l’indifférence. Pourtant, à l’heure où la crise financière met à mal l’économie, où les grands de ce monde parlent d’une « redéfinition du capitalisme » sans avoir l’air de se soucier de ce que les soubresauts de l’économie infligeront aux simples citoyens, nous croyons, nous de la bergerie du Mouton NOIR, qu’il est plus important que jamais de maintenir les trop rares tribunes où la parole citoyenne peut s’exprimer. C’est donc en espérant que la population dira NON à la disparition du Mouton NOIR que nous faisons cet appel à la solidarité.
CHRISTINE PORTELANCE, AU NOM DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DES ÉDITIONS DU BERGER BLANC ET DE LA BERGERIE DU MOUTON NOIR