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Le Stylo Sauvage

Par Jacques Bérubé le 2008/03
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Par Jacques Bérubé le 2008/03

Archéologie

« T’as de belles lunettes » qu’elle me dit, la Ginette. Pas celle qui met de la brume dedans les choses en question, mais une Ginette tout de même. Quand j’avais la vingtaine, on me disait : tu as de belles jambes, de beaux cheveux ou de beaux yeux ou même, parfois, une petite wicked vite envoyée : tu as de beaux, de belles… oui, bon, ça va, on a compris l’essence du propos! Maintenant, j’ai des belles lunettes, ou encore, je n’ai pas trop de cheveux blancs… Ah, l’expérience…

Urbanisme (sic)

On entend souvent dire que ceux qui gèrent le développement urbain de Rimouski manquent de vision. Mais avec le projet d’immeuble à quatre étages et à 16 logements dont ils ont autorisé la construction, tout près du fleuve, à l’angle des petites rues Doucet et Saint-Germain Est, ce ne sont pas eux, mais bien les voisins de cette innommable injure au paysage qui manqueront de vision, et ce, pour toujours. Il faut croire qu’il y a, dans certains sombres bureaux de l’hôtel de ville de Rimouski, des nostalgiques de la construction à la soviétique du style des blockhaus de Ceausescu, à Bucarest ou du défunt mur de Berlin.

Encore un crachat au visage du fleuve!

Allez, du cran, messieurs, tant qu’à faire tout croche dans les secteurs qui bordent le fleuve, frappez le dernier grand coup et pavez cette maudite plage restante qui laisse du sable entre les orteils et où se ramassent les algues, l’herbe marine et les coquillages malpropres.

« C’est conforme à la réglementation, au plan d’aménagement », brament-ils. « On ne l’a pas vu venir, mais c’est promis, on ne le fera plus. Le plan d’aménagement n’a pas été révisé depuis la création de la nouvelle ville ». Rien à voir, rétorquerai-je tout de go, la débandante érection de cet éléphant d’acier et de béton s’est faite à l’intérieur des limites de l’ « ancienne » ville, et je ne vois pas en quoi la fusion des municipalités environnantes aurait pu avoir un quelconque impact sur le plan d’aménagement de la ville.

Il y a de quoi apeurer les Bicois qui auront bientôt à décider si leur village se fusionnera à Rimouski-la-grande… Comme le nouveau « quartier » du Bic serait dorénavant soumis au règlement d’urbanisme de l’encore plus nouvelle ville, on pourrait donc construire de grands immeubles à condos générateurs de taxes, avec vue sur les îles — ça se paie! — au cœur même du village. Finalement, il pourrait y avoir pire qu’une école transformée en coopérative d’habitation pour artistes dans ce village qui carbure à la chicane!

Il me semblerait logique que les gens qui travaillent en première ligne, au service d’urbanisme d’une ville qui se targue d’être « la » capitale maritime du Québec soient en mesure de juger si un projet de construction, tout conforme qu’il puisse apparaître, déroge à l’environnement et à l’urbanisme d’un lieu. Advenant le cas, ils devraient transmettre aussitôt ce projet au palier supérieur, celui des élus, qui sont censés être là pour défendre le bien public.

L’harmonie, messieurs, ça n’existe pas qu’en musique!

À quoi ça sert de faire des consultations populaires à la Rimouski 2006 pour déterminer ce que l’on veut comme qualité de vie, si les fonctionnaires viennent tout bousiller par derrière en acceptant des projets éléphantesques, hippopotamesques, gigantesques, bref gros, immensément trop gros?

Finalement, ce sont les normes qui créent l’anormal.

Il est là, le problème, et ça n’est pas exclusif à Rimouski : le papier l’emporte sur le bon sens et le jugement; c’est le triomphe de la bureaucratie sur l’humain. Il me semble que ça ferait du bien d’entendre sortir de ces bureaux un bon gros gras « Voyons donc, ç’a pas de bon sang! Où tu t’en vas avec ton projet de mongol à quatre étages sur le bord du fleuve? Remballe ça, j’appelle le maire et les conseillers. Ben oui, c’est ça, appelle-le, ton avocat, on appelle les nôtres et on se retrouve à la cour. D’ici là, arrête de japper, pis marche te coucher dans ton panier! »

Logement (re-sic)

Bien sûr, ce que j’appelle, avec un brin d’émotion et un goût de houblon dans la bouche, les Condos du Lau, dont la deuxième phase sera bientôt en construction, rue de l’Évêché, revitalise et embellit ce secteur. Mais s’est-on préoccupé de savoir, dans cette ville où le taux d’inoccupation des logements avoisine le néant abyssal, où iront tous les gens, chambreurs pour la plupart, qui seront délogés par le projet?

Pendant ce temps, le comité logement Rimouski-Neigette doit interrompre ses activités par manque d’argent. Ça s’appelle faire corps avec les gens pour qui on travaille. Comme disait Richard Desjardins : « En raison de la crise économique, la lumière au bout du tunnel restera fermée jusqu’à nouvel ordre ». Encore une fois, ici, le problème, c’est que le commutateur de la lumière en question n’est à la portée que de quelques-uns, toujours les mêmes.

À quel rang déjà Rimouski s’est-elle classée l’an dernier dans le palmarès des villes du Québec qui offrent la meilleure qualité de vie à ses résidants? Troisième? J’exige un test d’urine!

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