Sept activistes québécoises sont jetées en prison le soir du 1er mars 1971. Elles venaient tout juste d’exécuter une opération commando, dans le cadre des procès qui suivent la crise d’octobre de 1970. Cette fois, c’est le Front de libération des femmes (FLF) qui vient de frapper, plus exactement la cellule Action-Choc.
L’auteure bas-laurentienne Marjolaine Péloquin était l’une d’elles. Dans l’essai En prison pour la cause des femmes, publié récemment aux Éditions du remue-ménage, Péloquin raconte ce geste de désobéissance civile, au cours duquel sept femmes ont osé – en plein quartier général de la Sûreté du Québec, à Montréal – prendre d’assaut le banc des jurés, réservé à l’époque aux hommes exclusivement. Accusées d’outrage au tribunal, elles seront condamnées par le juge Nichols à des peines de prison allant d’un à deux mois.
Crise d’octobre, actions du FLF, incarcération… Ces événements, Marjolaine Péloquin les a vécus de près. De tellement près, pourrions-nous dire, que son récit donne parfois au lecteur l’agréable impression d’être un agent de la GRC qui infiltre un groupe révolutionnaire… Tous les détails sont révélés sur les préparatifs du commando, les difficultés en prison, les débats féministes qui ont suivi. De quoi donner des outils à celles – et ceux – de la nouvelle génération qui veulent passer à l’action…
Le passage à l’action, pour les sept du FLF, a été motivé par une cause qui dépassait, et de loin, la simple réforme du système judiciaire. « Notre objectif premier, en revendiquant le droit d’être jurées, était […] de placer le nouveau féminisme sur la carte politique du Québec », précise Péloquin dans son ouvrage.
Des résultats? Une modification à la loi québécoise sera apportée le 18 juin 1971 – soit trois mois et demi après le coup d’éclat –, établissant l’égale participation des femmes à la justice. Mais surtout, et c’était la motivation première de cette action, la deuxième vague féministe sera enfin « sur la mappe », devenant une source d’inspiration solide pour les générations à venir.