Actualité

Les études d’impact
en environnement,
 qu’ossa donne?

Par Magella Guillemette le 2007/11
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Les études d’impact
en environnement,
 qu’ossa donne?

Par Magella Guillemette le 2007/11

C’est non seulement pour paraphraser le fameux monologue d’Yvon Deschamps sur les unions que je pose cette question, mais c’est aussi pour exprimer l’ambivalence que doit ressentir parfois le citoyen préoccupé par les questions environnementales. Dans l’actualité quotidienne, il y a des exemples de retours en arrière, de petites avancées et beaucoup de tournage en rond dans le merveilleux monde de l’environnement. La dernière déclaration de Mario Dumont, chef de l’ADQ et meneur dans les sondages, nous claque en plein visage. À savoir « que le seul frein au développement [hydro-électrique] devrait être notre capacité de construire ». Une telle déclaration a au moins l’avantage de nous sortir de la logique parfois circulaire des promoteurs de solutions vertes (l’éthanol, vous connaissez?) et de nous ramener, les épaules au plancher, à la dure réalité de l’économie à tous crins. Enfin, le voile du « véritable » développement durable est tombé.

On ne peut s’y méprendre ou même le lui reprocher, M. Dumont a le verbe franc. Sa déclaration signifie ni plus ni moins que les études d’impact et les préoccupations environnementales en général ne devront en rien freiner tout futur développement hydroélectrique (ou tout autre type de développement). Encore une fois, il n’y a pas encore de projet concret sur la planche à dessin que les politiciens considèrent que nous sommes déjà en retard et que nous devrions accélérer tout processus menant tout droit à (l’éloge de) la richesse. Déjà que les dites études d’impact se font avec des délais ridicules et de maigres moyens. Déjà que les études d’impact ne sont pas des entreprises scientifiques. Déjà que les suivis post-projet sont inexistants. Rapidement, tapissons les paysages québécois d’éoliennes, équipons-nous de ports méthaniers sans gazoduc ou gaz naturel et devenons riches. Collectivement? Peut-être cet empressement reflète-t-il les pressions bienfaitrices de certains lobbies ou bien reflète-t-il l’incapacité de nos décideurs à prendre des décisions à moyen et à long terme. Imaginez une seule seconde, une planification non partisane de la filière énergétique au Québec sur un horizon de 30, 20 ou même 10 ans de la part de nos politiciens. Eh bien, voilà une piste de solution! Les environnementalistes devront délaisser les causes perdues et militer davantage pour une meilleure vision de nos politiciens. Rimouski a eu sa vision en 2006, pourquoi pas le Québec tout entier!

Le syndrome André Caillé

D’une certaine façon, cette déclaration de Mario Dumont nous propulse quarante ans en arrière où tout critique en matière d’environnement était qualifié de « macramé » ou pire d’« oiseaulogue ». En fait, Hydro-Québec, notre société d’État, a été déterminante dans la façon dont nous abordons les questions environnementales au Québec. Elle fut une des premières sociétés industrielles de grande envergure à appliquer la Loi sur la qualité de l’environnement (1980). En vertu de cette loi, Hydro-Québec a dépensé des centaines de millions de dollars pour réaliser de telles études et a développé au fil des ans une expertise indéniable en… marketing environnemental. En fait, notre société d’État à nous est passée maître dans l’art de nier l’évidence des répercussions environnementales engendrées par ses propres activités. Est-ce que vous vous rappelez une seule occasion où elle a avoué que les immenses réservoirs, créés pour alimenter les barrages hydroélectriques, engendraient un impact négatif sur l’environnement? Non pas que je sois contre l’hydroélectricité, au contraire, mais bien parce que je crois que le citoyen est capable de faire la part des choses entre les répercussions environnementales du développement de la filière énergétique et le maintien de son confort sous des latitudes nordiques, ce qui n’inclut pas ici l’exportation d’électricité vers les marchés américains. D’ailleurs, je me rappellerai toujours cette publicité des années 80, à pleins panneaux sur les bords des routes ou dans les journaux, dans laquelle Hydro-Québec clamait haut et fort que la création de ses réservoirs dans le nord du Québec avait au contraire fait augmenter la population de caribous dans ce secteur. Voilà, le caribou évoluait vers une nouvelle espèce de mammifère aquatique, rien de moins. Bien entendu, le mouvement environnementaliste s’intensifiant, les stratégies de marketing environnemental et d’implantation de projets se sont sophistiquées, ayant comme résultat cette attitude de dénégation qui s’immisce au sein de la classe politique; les études d’impact en environnement représentent une perte de temps et d’argent. Admettez que c’est ridicule de penser que ces immenses réservoirs, de la taille de petits pays européens, n’ont aucun impact négatif sur les écosystèmes en place ou même sur les rares humains vivant à ces endroits. Cette attitude s’est d’ailleurs transformée au rang d’un argument pro-développement chez André Caillé, ancien pdg d’Hydro-Québec qui aspire maintenant à devenir politicien. Une traduction libre de son attitude pourrait être : « Débarrassons-nous des études d’impact en environnement et prospérons », M. Caillé s’étant même déjà prononcé pour l’abolition pure et simple du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Comme quoi une idée, même saugrenue, peut faire du chemin!

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